CDEN du 25 – 02 – Déclaration liminaire de SUD éducation 85

Déclaration liminaire de SUD éducation 85

CDEN du 25 février 2025

Ce CDEN se tient au lendemain de l’ouverture du plus grand procès français de pédocriminalité puisque Joël Le Scouarnec comparait pour les viols et agressions sexuelles de 299 enfants dans tout le grand Ouest. Ce procès se tient en plein scandale autour de l’institution privée catholique Notre-Dame de Bétharram qui compte aujourd’hui plus de 140 plaintes pour violences dont la moitié pour violences sexuelles. Ces affaires illustrent l’ampleur des violences pédocriminelles. Les enfants sont les premières victimes des violences sexuelles. Une fille sur cinq et un garçon sur treize sont concerné·es. Les travaux de la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (CIIVISE) ont permis d’estimer le nombre de victimes et d’émettre des préconisations pour faire cesser les violences faites aux enfants. A ce jour, rien a été fait dans l’éducation nationale alors qu’on estime que 3 élèves sont concerné·es par classe. Pas de formation à l’écoute des victimes ou à la prévention des violences, trop peu d’informations sur les protocoles à mettre en place lors d’une alerte, des programmes EVARS qui sortent enfin après des mois de délais mais dans une version allégée, l’étude sur les « (cyber)violences de genre chez les 11-18 ans » pourtant commandée par l’éducation nationale dont la publication du rapport est bloquée par la nouvelle ministre…

Les pouvoirs publics ne se donnent toujours pas les moyens pour lutter contre les violences pédocriminelles, notamment à l’école. Lorsque la parole des élèves se libère, elle se heurte trop souvent au silence complice de l’administration qui ne protège pas les victimes et qui refuse de sanctionner véritablement les agresseurs. Aujourd’hui, les violences survenues à Bétharram nous montrent que la parole des enfants se heurte aussi aux politiques qui soutiennent et couvrent les agresseurs.

La France est signataire de la convention internationale des droits de l’enfant. Elles et ils doivent être protégé·es, ont le droit à des conditions de vie décentes, d’aller à l’école, de vivre en famille, sans subir de discrimination liée à leur origine. Or, de plus en plus de nos élèves vivent dans des conditions précaires, en camping ou hébergé·es temporairement dans des hébergements d’urgence qui ne leurs permettent pas de vivre sereinement et donc de suivre une scolarité épanouie. Né·e ici ou déraciné·e, chaque enfant a des droits, sans distinction. Nous nous inquiétons de l’augmentation des violences faites à nos élèves, qu’on ballote de toile de tente en logement insalubre. Nous sommes inquiet·es de l’évolution de la politique d’accueil des exilé·es qui va encore davantage durcir les conditions de vie de nos élèves, au mépris de la convention internationale des droits de l’enfant.

Par ailleurs, M. le Préfet, nous nous alarmons des propos du ministre de l’Intérieur qui a assuré son soutien publiquement au groupuscule fémonationaliste, xénophobe et transphobe, Nemesis. Il tombe dans les discours de post-vérité confondant faits et croyances, associant personnes sous OQTF et délinquance, en remettant en question les chiffres issus de son propre ministère. Il soutient les propos du premier ministre de « submersion migratoire », il multiplie les propos racistes comme récemment concernant le droit du sol à Mayotte. Alimenter ces fantasmes conduit non-seulement à des politiques xénophobes mais nourrit également le racisme dans la société, et met en danger tou⋅tes nos concitoyen⋅nes, dont nos élèves, racisé⋅es ou perçu⋅es comme tel⋅les.

Nous faisons également en cette fin février le bilan de la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées de 2005. Si de plus en plus d’élèves sont inclus⋅es dans les classes, les moyens sont encore une fois largement insuffisants pour permettre une inclusion réelle et épanouissante pour les élèves en situation de handicap. Matériel inadapté, formation des personnels insuffisante, moyens humains bien en-dessous des besoins des élèves, AESH précarisé⋅es qu’on déplace comme des pions au mépris des élèves accompagné⋅es, moyens de remplacements inexistants fermant l’accès à l’école des élèves en situation de handicap à la moindre absence de leur AESH… Il est temps que les enfants en situation de handicap puissent avoir accès à une école qui s’adapte à elles et eux et permette l’inclusion de toutes et tous. De même, il est urgent que les personnels en situation de handicap soient enfin considérés et que l’administration facilite la reconnaissance de leur handicap et l’effectivité de leurs préconisations au sein des établissements. Parallèlement, il est urgent de mettre en place des formations sur les discriminations validistes dont pâtissent les personnels et élèves en plus du parcours épuisant pour faire valoir leurs droits. Nous demandons que des référent·es handicap soient nommé.es et permettent l’information, la formation et l’accompagnement des personnels en situation de handicap comme le prévoit la loi depuis 2019.

Le nouveau budget 2025 voit une baisse de moitié du fonds vert et il devra maintenant également financer les pistes cyclables ! Avec 1,1 milliards d’euros, on est bien loin des 40 milliards préconisés par le rapport Demarcq, et donc bien loin de réelles actions pour lutter contre le réchauffement climatique… Nous ne pouvons nous résigner à voir les politiques publiques détruire nos écosystèmes, nous laissant entre canicules et tempêtes : il est grand temps de réagir !!

Enfin, nous avons appris le gel de la part collective du Pass culture. La brutalité de cette annonce, 2 jours avant son effectivité, a généré une grande souffrance chez les personnels et les élèves investi·es dans des actions culturelles. Beaucoup d’entre nous travaillent en zone rurale où l’école publique est souvent le seul moyen d’accéder à une offre culturelle. Ces coupes budgétaires s’ajoutent à celles des dotations des collectivités territoriales de nos établissements scolaires. Les fonds propres des établissements ne pourront donc pas prendre le relais de cette suppression pour tous les projets. C’est un coup de massue supplémentaire sur l’école publique et une rupture d’égalité supplémentaire avec les élèves des écoles privées dont les familles ont les moyens de leur assurer un capital culturel.

Nous réaffirmons notre engagement pour une éducation sûre et respectueuse des droits de chacune et chacun. Les établissements scolaires doivent être des lieux de protection et d'épanouissement, non de violence et de souffrance. C’est à l’école de s’adapter aux besoins de tous les enfants, et non l’inverse. C’est à l’école d’accompagner, de protéger et d’aider celles et ceux qui en ont besoin. Il faut un budget à la hauteur des besoins et une mobilisation à la hauteur des enjeux.