Déclaration liminaire au CSA 2nd Mesures du 10 mars 25

Corollaire des baisses de dotations horaires, des enseignant·es voient leurs postes supprimés, ou doivent faire des compléments de service de quelques heures à droite ou à gauche au détriment de leur conditions de travail. Alors même que, parfois, des heures à effectuer dans leur établissement sont imposées à des collègues sous forme d’HSA. Une situation ubuesque qui se généralise malheureusement à cause des quotas d’HSA imposés dans les DHG.

On est face à une gestion budgétaire et humaine catastrophique et absurde, qui conduit notamment au fait qu’on se retrouve aujourd’hui pour siéger sans avoir reçu la totalité des documents. Le marasme politique dans lequel nous sommes oblige les services à travailler dans l’urgence, porte atteinte au travail de toutes et tous et dégrade toujours plus le dialogue social.

Nous vous proposons, Mme la DASEN de supprimer les nombreuses « classes défenses » qui se généralisent dans notre département pour dégager des heures et stabiliser les postes existants grignotés d’année en année. Nous exigeons aussi que les 40 milliards d’euros que nos gouvernants viennent de promettre pour le budget de la défense soient alloués à l’éducation. De même pour les millions que l’État souhaite gaspiller l’an prochain pour l’achat d’uniformes…

En effet, le contexte géopolitique actuel est inquiétant. L’escalade viriliste et martiale à laquelle nous assistons, au détriment de tout projet de société cohérent, ne servira qu’aux intérêts des marchands de canons. Celles et ceux qui vont perdre assurément, ce sont nos élèves qu’on militarise aujourd’hui et qui, demain, seront mobilisé⋅es pour aller mourir sur le front.

SUD éducation refuse cette militarisation. Nous revendiquons une école de la tolérance, du respect et de l’émancipation.

A ce propos, nous apportons tout notre soutien à l’équipe de restauration du lycée Branly dont le travail est méprisé depuis le début de l’année. Tout d’abord quand la présidente de Région a réservé la salle du restaurant d’application mais n’a pas daigné faire appel à la filière hôtellerie restauration du lycée pour le service traiteur qu’elle estimait trop cher, dénigrant ainsi le travail des élèves et des enseignant⋅es. A peine remis de cet affront, mardi dernier, élèves et enseignant·es ont vu leur projet pédagogique annulé parce que les syndicats agricoles FDSEA et JA, ainsi que le syndicat d’extrême-droite Coordination rurale, ont fait pression sur le chef d’établissement. Au mépris de la liberté pédagogique et du travail effectué, le proviseur a reculé face aux menaces.

On sait pourtant que la végétalisation des repas en restauration collective est le moyen le plus rapide pour faire baisser drastiquement les émissions de gaz à effet de serre. Par ailleurs, les syndicats ayant fait pression sur l’établissement sont les mêmes qui promeuvent une agriculture intensive et écocidaire. Il est urgent de modifier nos consommations alimentaires, en formant les élèves à la cuisine végétale, et en végétalisant les menus des cantines. Pour arrêter, d’une part, de détruire nos écosystèmes et d’autre part, d’empoisonner nos élèves avec des pesticides de synthèse. A fortiori quand on mesure aujourd’hui que 6 cancers sont en augmentation chez les jeunes.

Ce qui ne baisse pas non plus, ce sont les violences faites aux femmes. Nous nous mobilisions samedi 8 mars pour la journée internationale des droits des femmes. En 2024, 137 féminicides ont été dénombrés. Un viol ou tentative de viol a lieu toutes les 2 minutes 30, et une femme sur deux a déjà subi des violences sexuelles. L’école est le lieu où se forgent les inégalités de genre, comme le rappelle le Haut conseil à l’égalité, où les filles représentent par exemple 30 % de prises de parole en moins que les garçons et sont privées de certains espaces comme dans les cours d’école. Ces inégalités se retrouvent ensuite dans les milieux professionnels où les femmes sont surreprésentées dans les métiers les plus précaires.

Nous exigeons que des moyens soient alloués pour lutter vraiment contre les inégalités de genre à l’école : doter une enveloppe d’heures dédiées aux séances EVARS, flécher des budgets pour l’intervention d’associations féministes spécialisées dans l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, former l’ensemble des personnels aux pédagogies égalitaires et à la lutte contre les discriminations, revaloriser les salaires des métiers les plus féminisés comme les AESH… Par ailleurs, nous revendiquons l’instauration d’une ASA rémunérée et sans justificatif pour les personnes menstruées qui se voient aujourd’hui pénalisées d’un jour de carence quand la douleur les empêche d’aller travailler.

« Femme », « LGBT », « transgenre », « changement climatique », « gaz à effet de serre », « inclusion », « handicap »… Tous ces mots sont interdits par l’administration Trump qui met l’intelligence artificielle au service du technofascisme. Nous apportons donc notre soutien à nos collègues américain⋅es, empêché⋅es de s’exprimer et de se mobiliser contre l’offensive réactionnaire actuelle. Nous appelons à la mobilisation, tant qu’on le peut encore, pour une école et une université émancipatrices.