Le contexte politique actuel ne cesse de se détériorer et les services publics souffrent de décisions budgétaires absurdes guidées par des politiques libertariennes.
Les restrictions budgétaires sont en totale incohérence avec les besoins de l’école publique. En Vendée par exemple, on ouvre un nouveau collège en annonçant la suppression de 264h dans les DGH. En lycées généraux et technologiques ainsi qu’en lycées professionnels, les prévisions d’effectifs annoncent respectivement 125 et 339 élèves de plus que les constats de la rentrée 2024 mais les dotations horaires baissent de plus de 115h.
Comment penser que ces élèves vont être bien accueilli⋅es, avec des équipes pérennes et motivé⋅es, quand les personnels ne cessent de voir se dégrader leurs conditions de travail ? Ou alors est-ce volontaire en espérant que les prévisions ne se réalisent pas et que les élèves fuient vers le privé comme ça a été le cas l’an dernier ? Enseignement privé catholique qui se porte très bien en Vendée grâce aux dotations généreuses de l’État et des collectivités territoriales, et qui récupère les élèves de collèges où rien n’est fait pour pallier des directions défaillantes ou non stabilisées malgré les interpellations des collègues.
Nous dénonçons également les conséquences des suppressions massives des enveloppes d’HSE qui ont conduit à la suppression de nombreux projets d’établissement comme les formations PSC1, mais également à une charge de travail alourdie des AED ou professeur⋅es documentalistes qui se voient obligé⋅es de prendre en charge des projets jusque-là portés par des collègues en HSE. Ces projets qui disparaissent, c’est de « l’attractivité » en moins par rapport aux établissements privés et ça ne fait qu’encourager la fuite des élèves dont les familles en ont les moyens vers ces établissements qui ont comme ligne de mire la rentabilité et non le service public. On note ainsi une certaine cohérence des politiques publiques qui visent à détruire les services publics au profit d’entreprises privées lucratives.
Concernant l’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, nous nous réjouissons que la publication des programmes soient enfin annoncée et qu’ils n’aient pas été enterrés aux côtés des ABCD de l’égalité. Nous avons toutefois des inquiétudes sur leur mise en place effective. En effet, aucune dotation n’est allouée pour assurer une mise en œuvre réelle de l’EVARS dans les établissements scolaires. Par ailleurs, le ministre de l’Intérieur a annoncé avoir conditionné sa présence dans le nouveau gouvernement à un droit de regard sur les programmes EVARS. Ce dernier a assuré son soutien publiquement au groupuscule fémonationaliste, xénophobe et transphobe, Nemesis. Il a également tenu des propos racistes, associant personnes sous OQTF et délinquance, en remettant en question les chiffres issus de son propre ministère pour soutenir sa politique xénophobe et en tombant dans les discours de post-vérité confondant faits et croyances. Nous espérons ainsi que Mme la ministre de l’éducation nationale que vous représentez Mme la DASEN partage nos alertes sur le droit de regard, xénophobe et transphobe, assuré par son collègue de l’Intérieur et qu’elle reviendra sur ses coupes dans le programme EVARS.
Globalement, nous sommes également inquiet⋅es des conséquences climatiques du capitalisme qui sont en train d’atteindre un point de non-retour. Si le ministère de l’éducation nationale n’est pas décisionnaire des fonds alloués à la rénovation énergétique des bâtiments qui vont encore être drastiquement baissés, vous êtes toutefois, Mme la DASEN, responsable localement de l’offre de formation qui conditionne l’évolution des pratiques pédagogiques. Nous voyons une multiplication des formations sur l’intelligence artificielle et nous sommes encouragé⋅es à nous en servir à l’école et à apprendre aux élèves à manipuler ses outils. Or, une recherche via intelligence artificielle consomme 10 fois plus d’énergie qu’une recherche classique sur un moteur de recherche. Nous sommes donc en train d’inciter à utiliser des outils extrêmement énergivores, nous conduisant vers une consommation exponentielle d’électricité, pour des bénéfices pédagogiques mineurs, quand l’urgence est à la frugalité et à la remise en question de nos modes de vie pour préserver nos écosystèmes. Nous vous demandons donc, Mme la DASEN, de prendre en considération l’impact écologique désastreux de l’IA dans les politiques éducatives locales.
Nous fêterons prochainement les 20 ans de la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. Si de plus en plus d’élèves sont inclus⋅es dans les classes, les moyens sont encore une fois largement insuffisants pour permettre une inclusion réelle et épanouissante pour les élèves en situation de handicap. Matériel inadapté, formation des personnels insuffisante, moyens humains bien en-dessous des besoins des élèves, AESH précarisé⋅es qu’on déplace comme des pions au mépris des élèves accompagné⋅es, moyens de remplacements inexistants refusant l’accès à l’école des élèves handicapé⋅es à la moindre absence de leur AESH… Il est temps que les enfants handicapé⋅es puissent avoir accès à une école qui s’adapte à leur handicap et permette l’inclusion de toutes et tous. De même, il est urgent que les personnels en situation de handicap soient enfin considérés et que l’administration facilite la reconnaissance de leur handicap et l’effectivité de leurs préconisations au sein des établissements. Parallèlement, il est urgent de former les personnels, notamment de direction et d’inspection, aux discriminations validistes dont pâtissent les collègues en plus du parcours épuisant pour faire valoir leurs droits. Nous savons qu’une école respectueuse de chacun⋅e est possible.
A SUD éducation 85, nous revendiquons donc des moyens pour une autre école, émancipatrice de toutes et tous. Ces moyens nous sont aujourd’hui volés par une minorité d’actionnaires qui, avec des dividendes records en 2024 de près de 100 milliards d’euros, s’accaparent les richesses au détriment de la justice sociale et de nos écosystèmes. Il est grand temps de faire des choix politiques qui soutiennent une école qui permette à chacun⋅e de s’épanouir et d’apprendre.