Cette instance se tient dans un contexte politique délétère au moment d’un vote important, celui qui concerne le projet de loi de finances pour 2025. Alors que les personnels de l’éducation nationale dénoncent depuis des années la dégradation de leurs conditions de travail, les conséquences terribles pour les élèves et les salaires qui diminuent d’année en année au regard de l’inflation, c’est encore l’École qui va subir les politiques néolibérales. En effet, le projet de budget prévoit la suppression de 4000 postes d’enseignant·es et des salaires toujours gelés. La France apparaît pourtant au sein de l’OCDE comme un des pays avec le plus grand nombre d’élèves par classe, les salaires les plus bas et le déterminisme social le plus fort.
Qu’est-il prévu pour sortir de cette crise ? Des évaluations standardisées pour les élèves, des évaluations d’écoles, des évaluations internationales… autant dire, rien d’autre que du stress et du vent.
Les démissions se multiplient. Celles et ceux qui restent s’entendent dire par un ancien président, responsable du chaos, qu’iels ne travailleraient « que 24h/semaine, 6 mois dans l’année », que l’on veut passer les fonctionnaires à 3 jours de carence et supprimer un jour férié. Détruire les services publics plutôt que « d’appauvrir les milliardaires ».
C’est cette politique qui détruit le service public d’éducation pendant que le patrimoine des 500 plus grosses fortunes françaises a été multiplié par 9,3 en 20 ans et s’élève désormais à 1200 milliards d’euros, soit 46 % du PIB !
Créer un statut de fonctionnaire avec un temps plein à 24h par semaine pour les AESH pour aller vers une école inclusive respectueuse des élèves et des personnels coûterait 216 millions d’euros. Mais le gouvernement préfère les verser pour le SNU, les classes défense et sécurité globale et la militarisation de la jeunesse. Des choix de société qui nous préparent au pire.
La semaine dernière, nous étions invité·es à mettre en lumière la lutte contre le harcèlement scolaire : chaussettes dépareillées, numéro vert injoignable et coordonnateurices pHARe bénévoles, encore du vent face aux problèmes rencontrés… Cette année, il y a eu la suppression de 2,5 ETP d’AED en lycée et certains lycées n’ont ainsi plus la possibilité d’assurer un encadrement correct de leurs internats ou ont dû supprimer l’ouverture des maisons des lycéens et lycéennes. Pour lutter contre le harcèlement, il faudrait pourtant augmenter les effectifs d’assistance éducative et créer un cadre de vie agréable pour chaque élève dans les établissements scolaires. Il faudrait également augmenter le nombre de psy EN, 10 en Vendée pour plus de 27 000 élèves du secondaire, largement insuffisant pour recueillir la parole des adolescent⋅es. Il faudrait également développer les séances d’éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle, permettant aux jeunes de développer leurs compétences psycho-sociales et de lutter contre les violences sexuelles et de genre qu’iels pourraient commettre ou subir. Pourtant, les HSE qui permettaient de financer ces interventions ont été supprimées à la rentrée. Il faudrait faciliter la prise en compte du handicap des personnels et des élèves pour permettre une réelle école inclusive. Pourtant les collègues en situation de handicap se battent toujours contre une institution validiste qui peine à mettre en place les aménagements préconisés, au détriment de la loi de 2005. De plus, la mise en place des PAS va conduire à la diminution des notifications des élèves en situation de handicap jusque-là délivrées par la MDPH. Les personnes en situation de handicap à l’école continueront ainsi d’être maltraitées.
Nous revendiquons des moyens pour une école publique émancipatrice, antimilitariste. Ces moyens existent, ils sont dans les poches des milliardaires et des multinationales dont la fortune a explosé grâce aux aides publiques notamment suite au Covid.