Déclaration liminaire de SUD éducation 85 à la F3SCT du 22-05-2025

Selon l’étude EnCLASS de 2024, la santé mentale des élèves en France s’est dégradée ces dernières années : irritabilité, sentiment d’isolement, perte de l’estime de soi, dépression, pensées suicidaires… Cette dégradation de l’état psychologique n’est pas sans conséquences sur la capacité à entrer dans le rôle d’élève.

Depuis sa mise en place, le RSST dématérialisé a mis en lumière une forte hausse des signalements d’actes violents d’élèves envers des personnels. Nombre de collègues se trouvent démuni⋅es pour faire face à des agressions parfois récurrentes. Les différents dispositifs à la disposition des équipes mettent très longtemps à aboutir et les services d’urgences refusent la plupart du temps de se déplacer, même lorsqu’il y a manifestement un risque élevé de blessure. Il nous est répété que les personnels ne doivent pas contraindre physiquement les élèves. Mais alors quelle réponse apporter face à une crise violente, destructrice de matériel pédagogique et surtout potentiellement très dangereuse pour l’élève, pour ses camarades mais aussi pour les personnels ? Faute d’information et d’accompagnement adéquat, le nombre d’accidents de service lié à ces situations est d’ailleurs manifestement sous-estimé.

L’Europe pointe déjà la France du doigt pour sa politique d’inclusion manquant dramatiquement de moyens. Comment imaginer un recrutement de professionnel·les pédagogiques, éducatif·ves et du médico-social, quand dès le mois de mai, l’enveloppe budgétaire destinée à couvrir les frais kilométrique des AESH pour l’année civile est vide ?

Ces conditions de travail dégradées par l’inadaptation de l’école à l’accueil d’élèves à besoins particuliers engendre également une grande souffrance au travail chez beaucoup de personnels. Comment cette situation pourrait-elle être prise en compte quand la Vendée ne compte ni psychologue du travail, ni médecine du travail ?

Quelle considération l’État a-t-il pour les travailleur·euses de l’éducation nationale quand, à l’échelle du pays, nous comptons 67 ETP en médecine du travail pour plus d’un million de personnels , soit environ 0,06 pour mille !?

En comparaison, l’armée dispose de 74 vétérinaires pour un peu plus de 4000 animaux.

Voilà le degré de mépris qu’à l’État pour ses salarié⋅es de l’éducation : Notre santé vaut 300 fois moins que celle d’un chien en tenue de camouflage.

Ce mépris est accentué par les prises de paroles successives de responsables politiques cherchant à détourner l’attention des inégalités sociales et de la crise écologique, prenant les fonctionnaires comme bouc-émissaire. Et nous ne sommes pas dupes sur cette diversion qu’est la « convention citoyenne sur les temps de l’enfant » qui risque de nous apporter un surcroît de travail en nous éloignant toujours plus de la qualité éducative à laquelle a droit la jeune génération – y compris les mineur·es non accompagné·es, qui trop souvent sont, en toute illégalité, exclu⋅es du système éducatif en Vendée.

Ce mépris pour nos professions passe également par des méthodes de management de plus en plus violentes et toxiques. Si des chef⋅fes dysfonctionnaient ça se saurait, nous dit-on ? Mais ça se sait ! Par contre, ça se tait. L’enquête de Mediapart « Quand l’éducation nationale ferme les yeux sur le management brutal » met le doigt sur des faits similaires à ce que les organisations syndicales de la Vendée décrivent dans certains rapports de visite de FSSSCT, mais qui sont difficiles à faire entendre dans cette instance.

SUD éducation espère que les échanges lors de cette réunion permettront aux représentant·es du personnel de s’exprimer sans être interrompu·es et sans que leur travail soit remis en cause. Ce n’est pas en cassant le thermomètre que l’on fait tomber la fièvre. Refuser d’admettre les problèmes systémiques ne permettra pas d’avancer dans la recherche de meilleures conditions de travail et d’apprentissage.

Ne pas vouloir voir, ne pas vouloir entendre, ne pas croire… voilà ce qui pousse tant de personnels vers la sortie voire pire, ou à attendre dans la douleur une retraite qui s’éloigne toujours plus.