Déclaration liminaire CDEN du 14/12/2022
SUD Education Vendée
Des jeunes condamné·es à aller vers le privé confessionnel en Vendée ?
C’est le cas de tou·tes ces jeunes qui souhaitent faire une formation que ne propose pas le public. Mais cela ne semble pas gêner les responsables administratifs·ves qui ne souhaitent pas « entrer dans une compétition avec le privé ». Il ne s’agit pourtant pas d’une compétition, mais d’une concurrence déloyale du privé, bénéficiant à outrance des deniers de l’État, sélectionnant ses élèves, choisissant ses effectifs maximums... Il s’agit pour l’éducation publique et laïque de proposer tout le panel de formation vers lequel les jeunes vendéen·nes souhaitent s’orienter. Ce n’est pas à l’entreprise de dicter ses choix en matière de formation, comme le voudrait Macron avec sa réforme de la voie professionnelle. C’est à la jeunesse de choisir le type de société dans laquelle iels souhaitent vivre. Une société de la formation gratuite tout au long de la vie. Une société égalitaire. Une société solidaire. Nous ne voulons plus de ces établissements où l’indice de position sociale est radicalement différent dans deux établissements distants de quelques dizaines de mètres à cause d’une sélection par l’argent ou le statut social.
Ces jeunes condamné·es à aller vers les écoles des curés, ce sont aussi tou·tes celleux qui, n’ayant d’autres choix que de prendre les transports scolaires dans notre département rural, subissent une amplitude horaire terrible à cause de trajets privilégiant les établissements privés. Nous pensons également aux lycéen·nes de la Roche qui sont déposé·es à la gare routière quand leurs camarades du privé le sont devant leurs établissements. Ou aux enfants de la Chapelle-Palluau n’ayant même pas de transport en commun vers l’école publique alors que ces transports sont mis en place vers l’école privée.
Nous pensons encore à tou·tes ces jeunes élèves de plus de 60 communes, dont la seule école de proximité est catholique. Nous pensons aussi à ces jeunes migrant·es, dont l’ASE a décrété la majorité sur simple suspicion et qui, faute d’obligation des services du rectorat, se voient refoulé·es des établissements publics et contraint⋅es de rejoindre des formations, parfois au rabais, dans le privé.
Et comme si le privé, qui ne voit en la jeunesse qu’une part de marché et/ou des cerveaux malléables pour insuffler une vision rétrograde de la société, ne pouvait se contenter de cet argent public (12 milliards par an) dilapidé au service d’une frange favorisée de la société, voici que le religieux s’introduit dans le public. Quand sur Aizenay, une aumônerie rouvre au collège public, à la demande unilatérale du curé de secteur, sans qu’aucune famille ne l’ait demandée et que celle-ci se situe dans l’enceinte même de l’établissement alors qu’il ne contient pas d’internat, que penser de cet entrisme ? D’autant plus lorsqu’on voit avec quel enthousiasme les habilitations avaient été délivrées par le recteur de l’époque. Nous pensons aussi à l’ICES, financée à hauteur de plusieurs millions d’euros aux frais du contribuable (rénovation, bail emphytéotique à moins de 1 € par an !).
Nous pensons aussi à ces jeunes en situation de handicap non comptabilisé·es dans les effectifs des établissements, alors même que la loi de 2019 l’oblige. Mais cela est malheureusement rappelé à chaque instance par toutes les OS. A ces élèves devant partager leur temps d’aide par une AESH avec un ou plusieurs autres élèves notifié·es. A ces élèves d’ULIS ne pouvant pas bénéficier d’inclusion, avec accord hiérarchique, à cause de classes de collège surchargées. Non comptabilisé·es le sont aussi les migrant·es d’Ukraine parce qu’un conflit datant de 2013 n’est “pas amené à durer”… Les tou·tes petit·es de moins de 3 ans sont pour la plupart non comptabilisé·es. Ou certain·es voyageur·euses dont l’inscription se fait au-delà de la phase de comptage. Cela fait beaucoup d’élèves non comptabilisé·es pour une école se devant d’accueillir tout le monde contrairement au privé.
Comment bien enseigner avec 30 élèves ou plus ? Que ce soit dans le secondaire, mais aussi dans le primaire. Car malgré un indice donnant moins de 25 élèves par classe, les contraintes sur le terrain ne permettent pas toujours aux écoles d’avoir des classes avec des effectifs corrects (SUD Education revendique des classes à 20 élèves maximum).
Et que dire de ces 7 établissements ne respectant pas les 16 élèves maximum en SEGPA ? Quand l’Etat lui-même déroge aux règles qu’il a mises en place, comment peut-il se permettre d’attendre de la jeunesse son respect ?
Dans cette instance qu’est le CDEN, nous nous devons également d’aborder la question de l’aménagement du territoire. Quand tant de zones sont gentrifiées, d’autres semblent laissées à l’abandon. Des territoires littoraux entiers sont envahis de maisons secondaires et voient leur population vieillir. Par conséquent, des classes ferment sur des territoires attractifs ayant pourtant dans leur environnement proche un panel d’avantages éducatifs pour la jeunesse.
Enfin, la radicalisation de certain·es citoyen·nes nous inquiète M. le préfet. Quand des attroupements de groupuscules d’extrême droite sont tolérés, voire autorisés sur la place publique pour y diffuser des messages de haine. Quand ces attroupements se font devant un lycée et ont pour objet la critique des choix pédagogiques d’une collègue, nous sommes atterré·es du peu de réaction de vos services pour empêcher ce déballage d’intolérance. Alors que dans le même temps, vous réprimez fortement les manifestations pour la tolérance qui ont lieu sur le territoire dont vous avez la charge.
Pour SUD Education 85, il est grand temps que l’État reprenne toute sa place dans l’éducation et cesse de vouloir déléguer cette fonction au secteur privé. Nous réclamons la nationalisation sans indemnité ni rachat des établissements scolaires privés sur l’ensemble du territoire vendéen, puis français.