Déclaration liminaire de SUD éducation – FSSSCT du jeudi 17 octobre 2024

Pour rappel, la F3SCT, anciennement appelée CHSCT, est l'instance chargée de la prévention en matière de santé, sécurité, hygiène et conditions de travail.

Dans notre déclaration liminaire du 4 juillet, nous nous inquiétions de l’arrivée possible de l’extrême droite au pouvoir par les urnes et des conséquences dramatiques que cela aurait eu pour l’école publique, pour nos élèves, pour les personnels. Soulagé·es dans un premier temps, nous avons finalement l’extrême-droite malgré les urnes, mélange de conservatisme catholique intégriste et de bourgeoisie financière féroce, le tout servi par une police et une armées enthousiastes : en effet, le budget matraques et flashball est bien le seul qui augmente.

A l’anxiété climatique déjà présente chez nombre de collègues et d’élèves (y compris les plus jeunes) s’ajoute aujourd’hui la sidération face à l’écroulement de la démocratie, et l’impression pour beaucoup d’avoir perdu le dernier pouvoir qui restait face à la répression : le vote. Nos lycéen·nes qui votaient pour la première fois et les enseignant·es d’EMC, n’ont plus de repères. Et c’est dans ce cadre délétère, où chaque jour apporte de nouvelles fiches RSST faisant état de risques psycho-sociaux liés à la présence d’enfants non-élèves dans les classes, faisant des crises parfois quotidiennes, c’est dans ce cadre que le pouvoir (qu’on ne peut même pas qualifier de gouvernement, puisqu’il ne semble pas avoir de gouvernail autre que le profit de quelques un⋅es), annonce 4000 suppressions de postes pour l’école, l’immense majorité dans l’enseignement public évidemment.

L’argument démographique ne tient pas, car en sens inverse, il n’a pas été respecté pendant des décennies ; en outre, ce qu’on doit considérer, ce sont les besoins : postes non pourvus dans le 2nd degré, remplacements, ouvertures nécessaires de classe, médecine scolaire, maîtres·ses supplémentaires pour faire face aux difficultés de l’inclusion sans moyen en attendant une véritable école inclusive qui elle-même nécessiterait des départs en formation massifs… des moyens étaient évidemment nécessaires, en urgence. Au lieu de ça, c’est la saignée.

Localement, nous attendons que cette évidence soit remontée jusqu’au ministère par les personnes qui le représentent, au rectorat comme en Vendée. Localement, nous demandons que des mesures soient prises rapidement face aux cas de détresse qui se multiplient notamment en école et en collège : moyens supplémentaires (enseignement et AED, médico-social), aménagements de scolarité, présence systématique des IEN aux ESS... Localement, nous demandons que l’employeur ne ferme plus les yeux lorsque les collectivités laissent littéralement s’écrouler des lycées, des collèges ou des écoles. Localement, nous demandons que le point « amiante » cesse d’être repoussé d’instance en instance alors que nous découvrons de nombreux établissements avec des travaux à effectuer depuis des années (AC2), alors que des personnels attendent toujours leur fiche d’exposition et n’ont pas vu la médecine de prévention, un an après la condamnation d’une salle de classe qu’iels utilisaient quotidiennement !

La médecine de prévention est d’ailleurs elle-même exsangue, ce qui est malheureusement normal : tant que notre employeur n’envisagera pas d’embaucher au moins un·e médecin par circonscription, qui voudrait s’y coller ? Aucune prévention n’est possible avec une telle fiche de poste (département entier, personnels public ET privé !). On voit bien que la santé au travail reste bel et bien, en toute illégalité, le dernier des soucis de notre hiérarchie.

La santé des élèves est également négligée puisque les remontées des infirmières scolaires nous indiquent des dysfonctionnements trop fréquents dans l’usage des supports numériques (Lien) leur permettant le suivi des jeunes. Ces bugs engendrent une surcharge de travail, un stress des personnels et des risques d’erreur de prise en charge des élèves.

Les dérives du tout numérique mis en place de manière précipitée sont aussi constatées par des personnels administratifs mis en difficulté depuis le déploiement du logiciel Opale. Les bugs sur des applications souvent développées à la va-vite par des prestataires privés hors de prix dont la politique sur le respect des données personnels est plus qu’opaque, créent une qualité empêchée chez les usager⋅ères (pronote) et aussi chez les enseignant⋅es lors de la saisie des résultats aux évaluations nationales, elles-mêmes imposées alors que leur inutilité sur le plan pédagogique n’est plus à démontrer, ou lors de la saisie du LSU.

La santé et la sécurité au travail doivent être prises au sérieux par l’état et localement par la DSDEN, notamment en respectant les dates et modalités des visites décidées collectivement et actées en instance et pour lesquelles chacun⋅es a pris ses dispositions ; en obtenant des réponses aux avis déposés en instance et en fournissant au moins 8 jours à l’avance tous les documents étudiés lors des instances comme le précise l’article 88 du décret n°2020-1427 du 20/11/2020.