Les bahuts ne sont pas des prisons – Les AED ne sont pas des vigiles !

 

Quand survient l'abominable à l'école, il faut bien réagir. Bien sûr, à son habitude, le ministre ne propose rien de concret pour faire reculer la violence et la haine (un cours d'empathie peut-être ? ), pas de refonte intégrale du système éducatif qui laisse passer des jeunes entre les mailles du filet, vulnérables à l'endoctrinement, mais encore et toujours de l'esbrouffe.

Depuis plus de 20 ans on a vu fleurir sur les parvis des établissements scolaires, grilles en tous genres et portails sécurisés, badgeuses voire même des agent⋅es de sécurité dans certains établissements. On a vu les effets, les établissements sont plus calmes, les élèves souriants et les personnels rassurés ... ou pas !

Toutes ces mesures sécuritaires ne permettent bien évidemment pas de protéger les jeunes et les adultes qui s'en occupent, mais ne font que renforcer un climat anxiogène, terreau des pétages de câbles divers et variés. La palme revenant aux exercices PPMS attentats / intrusions où les élèves et adultes doivent se barricader dans leurs salles quand l'alarme retentit et s'allonger à plat ventre la durée de l'exercice, en silence  pour ne pas alerter un éventuel terroriste armé.... quand les chef⋅fes d'établissement ne jouent pas carrément à prendre des batons ou des fausses armes et à rappeler à l'ordre les "mauvais élèves" en leur disant plus ou moins subtilement qu'iels seraient mort⋅es en cas de réelle attaque.

De toute façon, ne nous y trompons pas, ce ne sont pas les murs des préfas qui nous protègerons des balles de Kalachnikov, ni l'absence de rideaux des salles défoncées qui nous empêchera d'être à vue des terroristes...

Dans son empressement à "rassurer" les consignes d'Attal tombent donc : contrôle visuel des sacs et contrôles d'identité à l'entrée des bahuts ! Bien évidemment, sans moyens supplémentaires et ce sont donc les agent⋅es territoriaux⋅ales et les AED qui devront s'y coller. Dans la joie et la bonne humeur !

L'école de la bienveillance la voici donc, celle qui oblige les personnels à rester sous la pluie pour brasser de l'air, car tout le monde sait qu'un contrôle visuel d'un sac n'empêchera jamais le pire. On cultive encore plus un climat anxiogène et on laisse des personnels seul⋅es, éloigné⋅es des bâtiments, surveiller l'intrusion de potentiels terroristes... Bravo l'empathie et le climat scolaire serein !

On pense aujourd'hui à tou⋅tes ces profs qui ont déjà du mal à faire entrer les parents dans les écoles qui signifient tant de traumatismes pour certain⋅es, on pense aujourd'hui à tou⋅tes ces AED et AESH qui essayent de convaincre au quotidien des élèves malmené⋅es par le système que les écoles ne sont pas des prisons, on pense aujourd'hui à tou⋅tes les agent⋅es territoriales⋅iaux déjà sous-considéré⋅es dans les établissements et qui se retrouvent en première ligne de consignes débiles.

 

Parce que l'école doit rester ouverte sur le monde, un sanctuaire sans être une bulle, émanciper et ne pas enfermer, nous refusons la surenchère sécuritaire qui nourrit la peur et le désespoir sans anéantir la violence. La haine et la violence naissent de nos sociétés inégalitaires et racistes et nous devons lutter collectivement pour la justice sociale et l'émancipation des jeunes.