Peu de temps avant sa diffusion, nous apprenions la programmation du spectacle « Historock » au Vendespace le vendredi 6 juin. Si la seule programmation de ce « spectacle » et des idées qu’il véhicule aurait pu nous inquiéter, il s’avère que cette programmation s’inscrit en plus en Vendée dans un cadre scolaire via le fameux passeport du civisme de Maxence de Rugy, le tout soutenu par le département de la Vendée et la DASEN elle-même.
Présenté comme une « grande fresque historique » éducative adaptée aux jeunes générations « autour de notre héritage », ce spectacle constitue en réalité une offensive de plus de propagande réactionnaire d’extrême droite. Oubliée l’analyse critique, la rigueur scientifique, la volonté pédagogique d’émancipation. Nous sommes ici dans l’instrumentalisation de l’histoire à des fins politiques, idéologiques et non uniquement éducative ou artistique comme voudrait le faire croire l’auteur.
Dimitri Casali, son principal auteur et créateur, se pose ainsi en promoteur du retour au roman national (qu’il appelle de son coté récit national, sans en changer pour autant le concept). Il véhicule par là depuis des années un discours hostile au service public d’éducation et à ses personnels. Coqueluche des médias d’extrême droite, il n’hésite pas à multiplier les mensonges éhontés, ressortant les poncifs fallacieux sur un soi-disant renoncement à la chronologie ou sur une opposition à l’enseignement de Jeanne d’Arc. Il entend ainsi opérer un tri sélectif dans l’enseignement en cherchant à empêcher l’étude de certaines périodes, avec ses attaques contre les « pédagogistes » qui « prêchent une lecture culpabilisante de notre histoire à travers l’esclavage ou les guerres de décolonisation ». Il dénonce également dans un gloubi-boulga informe « la lutte antiraciste, les droits de l’Homme, le féminisme » comme « des thèmes compassionnels et sociologiques » avec lesquels nous accablerions les élèves ! Ses déclarations sur les « manuels de Nathan et Magnard » « où l’on apprend à nos enfants la haine de la France » nous laissent également quelque peu circonspect·es…
A l’image de ses incohérences, ou plutôt de ses volontés idéologiques, son spectacle « Historock » n’est donc qu’une triste farce réactionnaire où la naissance de la France est associée à la naissance des cathédrales et dans lequel on chante à la gloire de « Saint Michel qui choisit une pucelle ». Le retour au roman national s’apparente en parallèle à un retour au catéchisme ! On doutera également du soi-disant retour à la chronologie dans un spectacle qui fait naître la laïcité avec Henri IV à travers une chanson jouée dans des costumes de mousquetaires et de templiers !
Alors que répondre à cela ? L’histoire est une science humaine et critique et elle s’apprend par la rigueur et la méthode, ce qui n’empêche en aucun cas heureusement de le faire de manière ludique. La preuve en est que monsieur Casali est très critiqué par les historien·nes elleux mêmes (Etienne Anheim, Laurent Wirth ou encore Laurence de Cock, Guillaume Mazeau et Eric Fournier qui accusent Dimitri Casali de mentir sur le contenu des programmes scolaires et de faire partie d'un courant conservateur « qui souhait[e] réintroduire les valeurs nationalistes et chrétiennes à l’école. »). Dans sa crainte irrationnelle du marxisme et même du rouge, Casali a bien tout mis en œuvre pour confisquer l’histoire au profit d’une idéologie anticommuniste, souverainiste, chrétienne et monarchiste.
Les seules cautions qu’il convoque ? Franck Ferrant, un autre réac, connu pour ses thèses pseudo-historiques farfelues qui ne produit aucun travail de recherche et qui n’est pas reconnu par ses pairs et donc par la communauté scientifique, et Jean Tulard, historien spécialiste de Napoléon 1er qui à notre connaissance, ne lui a pas exprimé publiquement son soutien.
Nous dénonçons à notre tour la venue de ce spectacle réactionnaire, son inscription dans un cadre scolaire et son subventionnement sur fond public. Avant que son auteur et ses allié·es n’en appellent comme souvent à la liberté de création ou d’expression, nous précisons que nous n’avons aucun problème à ce que Monsieur Casali finance son spectacle avec ses propres fonds ou fonds privés et qu’il le diffuse à ses ouailles déjà convaincu·es par sa pensée clivante et nauséabonde. Financement privé provenant d'ailleurs du milliardaire d'extrême droite, Pierre-Edouard Stérin, qui a contribué par ses "Nuits du bien commun" à lancer ce groupe à son image. Cette diffusion vient malheureusement s’inscrire dans un contexte plus large de propagation des idées d’extrême droite et de multiplications des attaques contre l’école et nos services publics dans leur ensemble sur fond de propagande réactionnaire et de mensonges destinés à remettre en cause l’intégrité des enseignant·e·s et des agent·es publics plus largement.
Nous ne céderons pas face à ces idéologues réactionnaires et à ces propagateur·trices de division, de haine et de mensonges !